Dans plusieurs langues indo-européennes, dont le français et l’italien, les syntagmes interrogatifs et relatifs présentent une certaine identité morphologique, si bien que certains linguistes parlent de termes interrogatifs-relatifs . Il s’ensuit que la même structure syntaxique peut être interprétée tantôt comme une interrogative indirecte partielle tantôt comme une relative sans antécédent (par ex. Je ne vois pas qui pourrait m’aider). Une analyse classique de la distribution de ces subordonnées se base sur une classification sémantique des verbes introducteurs, tendant à regrouper les synonymes. Cependant, nous avons observé qu’il existe des idiosyncrasies lexicales qui font que deux verbes sémantiquement très proches peuvent présenter des différences fondamentales quant à leur complémentation propositionnelle, ce qui rend difficile de reconstruire l’interprétation interrogative de la subordonnée sur la seule base du sémantisme verbal. Voilà pourquoi plusieurs tests syntaxiques ont été élaborés afin de fixer les caractéristiques formelles des interrogatives indirectes et des relatives sans antécédent. Nous avons essayé d’en faire un bilan critique, en comparant cinq typologies de tests : les trois premiers sont basés sur la commutation de formes, c’est-à-dire sur des équivalences paraphrastiques visant à mettre en évidence l’interprétation de la subordonnée – interrogative ou relative – qui ne resterait autrement qu’intuitive. Les deux derniers tests, en revanche, sont basés sur l’ajout de marques linguistiques liées à la notion d’indétermination, considérée comme la caractéristique principale des phrases interrogatives. Ces deux approches sont en contradiction profonde et amènent à des conclusions opposées sur l’interprétation des subordonnées : plus liée au choix du subordonnant selon la première approche, plus liée aux facteurs énonciatifs dominants selon la deuxième approche. On observe également des conclusions différentes quant à la catégorie d’appartenance de certaines formes Qu-. Notre analyse a tâché d’approfondir l’étude de la complémentation de deux verbes considérés comme prototypiques pour l’introduction de subordonnées interrogatives, c’est-à-dire savoir/sapere et domandare/demander. L’examen des possibilités de paraphrase et de synonymie entre formes Qu- nous a permis de mettre en évidence certaines contradictions dans la deuxième approche. En outre, les données présentées, nous semble-t-il, attirent l’attention sur la nécessité d’une analyse détaillée des emplois verbaux liés aux subordonnées interrogatives indirectes, car la typologie sémantique des prédicats de connaissance, de requête etc. ne semble pas suffisante. Pour un premier bilan, nous considérons que les tests fondés sur la commutation de formes posent moins de problèmes que ceux basés sur l’indétermination.

Synonymie et paraphrase dans la subordination : l'interrogation indirecte en français et en italien

VECCHIATO, Sara
2012-01-01

Abstract

Dans plusieurs langues indo-européennes, dont le français et l’italien, les syntagmes interrogatifs et relatifs présentent une certaine identité morphologique, si bien que certains linguistes parlent de termes interrogatifs-relatifs . Il s’ensuit que la même structure syntaxique peut être interprétée tantôt comme une interrogative indirecte partielle tantôt comme une relative sans antécédent (par ex. Je ne vois pas qui pourrait m’aider). Une analyse classique de la distribution de ces subordonnées se base sur une classification sémantique des verbes introducteurs, tendant à regrouper les synonymes. Cependant, nous avons observé qu’il existe des idiosyncrasies lexicales qui font que deux verbes sémantiquement très proches peuvent présenter des différences fondamentales quant à leur complémentation propositionnelle, ce qui rend difficile de reconstruire l’interprétation interrogative de la subordonnée sur la seule base du sémantisme verbal. Voilà pourquoi plusieurs tests syntaxiques ont été élaborés afin de fixer les caractéristiques formelles des interrogatives indirectes et des relatives sans antécédent. Nous avons essayé d’en faire un bilan critique, en comparant cinq typologies de tests : les trois premiers sont basés sur la commutation de formes, c’est-à-dire sur des équivalences paraphrastiques visant à mettre en évidence l’interprétation de la subordonnée – interrogative ou relative – qui ne resterait autrement qu’intuitive. Les deux derniers tests, en revanche, sont basés sur l’ajout de marques linguistiques liées à la notion d’indétermination, considérée comme la caractéristique principale des phrases interrogatives. Ces deux approches sont en contradiction profonde et amènent à des conclusions opposées sur l’interprétation des subordonnées : plus liée au choix du subordonnant selon la première approche, plus liée aux facteurs énonciatifs dominants selon la deuxième approche. On observe également des conclusions différentes quant à la catégorie d’appartenance de certaines formes Qu-. Notre analyse a tâché d’approfondir l’étude de la complémentation de deux verbes considérés comme prototypiques pour l’introduction de subordonnées interrogatives, c’est-à-dire savoir/sapere et domandare/demander. L’examen des possibilités de paraphrase et de synonymie entre formes Qu- nous a permis de mettre en évidence certaines contradictions dans la deuxième approche. En outre, les données présentées, nous semble-t-il, attirent l’attention sur la nécessité d’une analyse détaillée des emplois verbaux liés aux subordonnées interrogatives indirectes, car la typologie sémantique des prédicats de connaissance, de requête etc. ne semble pas suffisante. Pour un premier bilan, nous considérons que les tests fondés sur la commutation de formes posent moins de problèmes que ceux basés sur l’indétermination.
2012
9788884207012
File in questo prodotto:
File Dimensione Formato  
Vecchiato-2012-Synonymie.pdf

non disponibili

Descrizione: pdf editoriale
Tipologia: Versione Editoriale (PDF)
Licenza: Non pubblico
Dimensione 183.45 kB
Formato Adobe PDF
183.45 kB Adobe PDF   Visualizza/Apri   Richiedi una copia

I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.

Utilizza questo identificativo per citare o creare un link a questo documento: https://hdl.handle.net/11390/868341
Citazioni
  • ???jsp.display-item.citation.pmc??? ND
  • Scopus ND
  • ???jsp.display-item.citation.isi??? ND
social impact