Par le choix du titre donné à son œuvre Le Ventre de l’Atlantique (2003), Fatou Diome met immédiatement la figure de l’océan au premier plan. Présence indispensable et persistante qui s’infiltre, comme le ferait d’ailleurs de l’eau, entre les mots et les pages de cette autofiction postcoloniale, l’Atlantique peut être, et est en effet conçu, comme le vrai leitmotiv de l’œuvre. Le texte raconte l’histoire de Salie, une jeune femme sénégalaise qui s’est installée à Strasbourg, en France, tandis que Madické, son demi-frère, vit toujours au Sénégal, sur la petite île de Niodor. Bien qu’elle essaie de le décourager, le garçon aimerait rejoindre sa sœur en Europe pour poursuivre son rêve: rencontrer son idole Paolo Maldini et devenir joueur de football professionnel. Le téléphone est leur seul point de contact d’un bout à l’autre de cette mer immense et profonde qui les sépare et, en même temps, en unit les destins. Si l’écrivaine, dans son ouvrage, déconstruit efficacement le contraste entre le mythe de l’Europe-Eldorado et la dystopie d’une Afrique pauvre et sans espoirs, elle nous montre également un océan aux interprétations ambiguës et hétérogènes: d’une part, l’Atlantique peut être un pont prodigieux, un cordon ombilical liquide reliant les deux continents, mais, d’autre part, il peut correspondre à une frontière hostile et dangereuse, en devenant, dans le roman, la tombe de certains personnages au destin tragique. La présence aquatique accompagne la narration non seulement au niveau thématique, mais aussi à travers plusieurs solutions esthétiques et rhétoriques, comme le recours à la métaphore, à la personnification et à la zoomorphisation, ainsi que l’emploi d’une écriture fluide qui mime les mouvements ondulatoires de la mer. L’article vise donc à étudier cette polymorphie stylistique et thématique de l’Atlantique dans le roman de Diome, en essayant de montrer son importance pour la construction de l’identité afro-européenne de son auteure-narratrice.
L’océan comme pont et frontière entre Afrique et Europe: Le Ventre de l’Atlantique de Fatou Diome
Elena Ravera
2022-01-01
Abstract
Par le choix du titre donné à son œuvre Le Ventre de l’Atlantique (2003), Fatou Diome met immédiatement la figure de l’océan au premier plan. Présence indispensable et persistante qui s’infiltre, comme le ferait d’ailleurs de l’eau, entre les mots et les pages de cette autofiction postcoloniale, l’Atlantique peut être, et est en effet conçu, comme le vrai leitmotiv de l’œuvre. Le texte raconte l’histoire de Salie, une jeune femme sénégalaise qui s’est installée à Strasbourg, en France, tandis que Madické, son demi-frère, vit toujours au Sénégal, sur la petite île de Niodor. Bien qu’elle essaie de le décourager, le garçon aimerait rejoindre sa sœur en Europe pour poursuivre son rêve: rencontrer son idole Paolo Maldini et devenir joueur de football professionnel. Le téléphone est leur seul point de contact d’un bout à l’autre de cette mer immense et profonde qui les sépare et, en même temps, en unit les destins. Si l’écrivaine, dans son ouvrage, déconstruit efficacement le contraste entre le mythe de l’Europe-Eldorado et la dystopie d’une Afrique pauvre et sans espoirs, elle nous montre également un océan aux interprétations ambiguës et hétérogènes: d’une part, l’Atlantique peut être un pont prodigieux, un cordon ombilical liquide reliant les deux continents, mais, d’autre part, il peut correspondre à une frontière hostile et dangereuse, en devenant, dans le roman, la tombe de certains personnages au destin tragique. La présence aquatique accompagne la narration non seulement au niveau thématique, mais aussi à travers plusieurs solutions esthétiques et rhétoriques, comme le recours à la métaphore, à la personnification et à la zoomorphisation, ainsi que l’emploi d’une écriture fluide qui mime les mouvements ondulatoires de la mer. L’article vise donc à étudier cette polymorphie stylistique et thématique de l’Atlantique dans le roman de Diome, en essayant de montrer son importance pour la construction de l’identité afro-européenne de son auteure-narratrice.File | Dimensione | Formato | |
---|---|---|---|
Ravera_Oltreoceano_nr22_exe impag-4.pdf
accesso aperto
Licenza:
Creative commons
Dimensione
585.61 kB
Formato
Adobe PDF
|
585.61 kB | Adobe PDF | Visualizza/Apri |
I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.